
Je suis confortablement installée dans mon canapé. Un plaid douillet est posé sur mes jambes car comme à mon habitude je suis gelée (et puis en plus j’ai eu ma 3ème injection de vaccin alors c’est bon arrêtez de juger, j’ai le droit de glander).
J’entends ma voisine du dessus qui…il n’y a pas d’autre mot…hurle, de toute évidence après ses gamins. Ce sont de jeunes enfants, en dessous des 5 ans je dirai. Très souvent, on a l’impression qu’ils déménagent. Tous les jours à vrai dire. Mais à bien repenser à notre conversation avec l’ancien locataire, je pense que c’est juste l’un des petits qui roule sur son camion à longueur de temps.
Ça me fait repenser à la maman que j’étais plus jeune. Dépassée totalement par les événements. Avec une impression de craquage permanent. Mais pourquoi ça ne se passait pas comme dans les reportages sur ces familles avec des enfants qui jouent sans se disputer et des parents qui regardent béatement la caméra en vomissant leur bonheur parfait ?
Et bien tout simplement parce que la vraie vie, ça n’est pas toujours tout beau tout rose. Et puis j’ai compris petit à petit que l’état de mes garçons dépendait grandement du mien. Sauf qu’embarquée dans une spirale d’épuisement, je n’étais vraiment pas capable de m’en rendre compte.
Le moindre de leurs cris ou pleurs me serrait le bide. Et plus je fatiguais, plus ils se tendaient, et plus ils se tendaient, plus j’avais l’impression d’être une mère déplorable.
La spirale infernale !
J’ai grandit et évolué avec eux, au gré des bonheurs et des échecs. J’ai rabâché (et je rabâche toujours) des dizaines et des dizaines de fois des « il est l’heure d’aller se brosser les dents », « à la douche », « à table », « au lit »… J’ai testé plein de façon de faire, de manière de parler. Me fâcher, ne pas me fâcher, discuter, imposer, hurler. Oh oui, j’ai beaucoup hurlé. De raz le bol ; de peur ; de ne plus savoir quoi faire aussi.
Il m’arrive encore de me fâcher ou d’être découragée, faut quand même pas se moquer ! Mais je ne hurle plus. Je n’en ai plus besoin. Je me suis apaisée dans mon rôle de maman.
Maintenant, je m’attelle à construire avec eux, à accepter que leur personnalité n’est pas la mienne, et que je ne peux pas les façonner selon mon envie. Je peux juste les accompagner, les faire réfléchir et peut-être les aider à faire ce chemin vers plus d’apaisement bien plus vite que je ne l’ai fais.
Posée sur mon canapé, je vois la maman que je suis et qui a évolué. J’écoute ma voisine en me disant qu’elle aussi, un jour, elle va se calmer.
Et vu le bruit qu’elle fait, espérons tous ensemble qu’elle comprenne vite qu’il faut évoluer !